La tyrannie du bonheur..

Je suis toujours perplexe lorsque je vais faire un tour sur des portails web féminins par exemple... On trouve là de multiples recettes pour accéder au bonheur, et ce, y compris dans la présentation de l'astrologie qui y est faite : l'astrologie et votre sexualité, l'astrologie et votre carrière, l'astrologie et votre enfant, l'astrologie et votre belle mère, l'astrologie et votre chien, l'astrologie et votre homosexualité, etc etc etc ...Les hommes du marketing se sont emparé de la question, et, comme toujours dans ces cas là, flairant la bonne affaire, dénaturent la chose initiale et la saucissonne pour mieux la vendre.

Il en ressort que cet art qu'est l'Astrologie, millénaire, est devenu une sorte d'amusement récréatif, tournée en dérision , elle s'enfonce dans la bêtise, comme tout ce qui est vendu en masse... Il m'arrive souvent de voir, dans les horoscopes produits, des positions planétaires d'il y a deux ans...

J'ose espérér que mes frères et soeurs humains ne soient pas ces gogos idiots pour qui on veut les faire passer, et qu'il leur reste une once de discernement pour repérer sur le net ce qui est sérieux et crédible et ce qui ne l'est pas....En donnant la priorité au contact humain..

Souvent, les textes produits obéissent davantage à des critères marketing plutôt qu'à des critères astrologiques...Car l'heure est à la production "d'images bonheur à tout prix"...

A la télé, les pubs dégoulinent de familles euphoriques qui photographient leur réussite en numérique, de couples qui ne se trompent jamais de partenaire ou de vacances, de mamies qui vivent leur retraite au milieu des palmiers, qui restent jeunes, alertes, prêtes au streking dans l'Hymalaya...

Sans parler des tabloïdes people qui montrent nos chères stars en plein shopping avec leurs bébés accrochés au cou, ou bronzant en amoureux sur une île paradisiaque...Sans compter le fin du fin, montrer le déroulement d'une vie en quelques minutes, en partant de l'enfance heureuse, entourée et choyée, de l'époque fabuleuse de l'adolescence avec les nombreux émois amoureux, la plage, le ski, puis les grandes études universitaires, avec le succès au bout bien sûr, et la rencontre avec l'idéal sans défaut de la femme ou l'homme de sa vie, la prise de fonction d'un poste de cadre "supérieur" dans un travail rémunérateur et attractif, la naissance de beaux bambins, l'achat de la maison de ses rêves, la vie chaleureuse et idyllique de famille, et la réussite sans anicroches des enfants, la période heureuse du temps d'être grands parents, sans problème de santé, gambadant sur un chemin forestier avec ses petis enfants, le rire et le sourire accroché aux lèvres de chacun...Bref, le déroulement du bonheur perpétuel...

Rien ne fait plus rêver que la richesse dans un monde où au moins 70 % de personnes ont à peine de quoi se nourrir.. Depuis au moins deux ou trois ans, on veut nous faire penser de la même façon, on ne veut plus de contestation, on ne veut plus de têtes qui se relèvent et dépassent du rang..On veut nous faire ingurgiter du bonheur à tout prix, de gré ou de force..On ne veut plus voir la misère, les vieux, la maladie, la mort, le chomâge, les revenus qui tombent, les faillites, les divorces, les échecs...

Tout ce qui est négatif, on l'élimine...On veut impérativement nous faire croire que ce bonheur sur ou à travers son catalogue exposé, peut se maîtriser et ainsi éviter le malheur.. Un paratonnerre contre les coups du destin qui torpillent aveuglément nos contemporains à coups de bombes, de séismes, de sida, de cancers...

Surtout ne pas voir la réalité en face...Surtout, éviter de penser qu'immanquablement, il y aura des hauts et des bas dans toute une vie...Surtout, maintenir les esprits dans les fantasmes de la vie parfaite et de l'éternelle jeunesse...

Non, il ne faut surtout pas dire qu'il y aura de bonnes et de mauvaises périodes, il ne faut surtout pas faire en sorte de montrer le négatif pour s'y préparer...

La conséquence de tout cela, c'est une régression massive de la société, car si l'on sort du troupeau, si l'on a un éclair de lucidité active, si l'on veut sortir de la bulle, alors on est has-been, paria, atypique, marginal, et il faut nous soigner avec des tonnes de chocolat, de prozac, de techniques zen et d'anti stress...Il faut nous fuire !!!

Ainsi en est il de l'astro-voyo-market.. Son rôle est bien de distiller des gouttes du bonheur préfabriqué et idéal...Et pourtant, imaginerait on un seul instant que des hommes des unités spéciales de la police ou de l'armée ne soient pas entraînés à réagir à des situations dangereuses ? , pourrait on imaginer qu'un pilote ne soit pas entrainé à des avaries possibles ? Non bien sûr, c'est une évidence.

Le rôle d'un véritable astrologue, que son outil soit contesté ou non, est d'apporter un éclairage objectif, tant dans sa composante positive que négative...Il est là pour aider à la prise de décision lorsque les évènements se font jour. Même si parfois, il s'écarte du rose-bonbon bonheur.. C'est en montrant les comportements et les situations possibles, quelles qu'elles soient, qu'il apportera une véritable aide à la personne qui le consulte, à la manière du moniteur de pilotage qui montrera les situations où l'élève devra faire face et prendre les décisions adaptées...

Toute l'attitude actuelle des marketteurs d'astro ou autres, se révèle dans une phrase du philosophe Spinoza : :

"Ce n'est pas parce qu'une chose est bonne que nous la désirons, c'est inversement parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne..."

Et j'ajouterai qu'on ne désire pas ce que l'on veut, on veut ce qu'on désire....

Et qui ne désirerait pas le bonheur permanent ? 

Il y a là une longue réflexion à faire sur notre maturité...et j'entends déjà les réactions :

"Complètement has-been ce d'Aoste..."

Michel d'Aoste.