Faire Face...

Pour revenir à la grande question philosophique du savoir, qui est inhérent à une partie de notre activité qu'est la prévision, et qui peut sembler contradictoire avec la fameuse notion du Carpe diem ou du vivre au présent, je vous propose quelques réfléxions car c'est un sujet que j'avais souvent abordé avec mon Maître Enseignant de l'AU.

D'abord, il y a sans doute une précision à apporter au Carpe Diem, dans le sens où cette maxime est comprise comme surtout le fait de ne pas trop se soucier, dans le présent, des choses du futur... Mais ce n'est pas tout à fait cela, car littéralement, cette phrase signifie « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain ». Elle est tirée de vers latins du poète Horace, intéressé par l'épicurisme et le stoïcisme (dans ses Odes, I, 11, 8 « À Leuconoé », 23 ou 22 av. J.-C.). Elle résume le poème qui le précède et dans lequel Horace cherche à persuader Leuconoé de profiter du moment présent et d'en tirer toutes les joies, sans s'inquiéter ni du jour ni de l'heure de sa mort.

Carpe est une forme impérative venant du verbe latin carpo, carpis, carpere, carpsi, carptum. Ce verbe a pour signification primitive « brouter » (de l'herbe), « cueillir » (une fleur) ; puis « déchirer, censurer, trier, choisir, goûter, profiter ».

Rendu célèbre auprès du grand public depuis l'Antiquité, l'extrait Carpe diem fait l'objet d'une mauvaise interprétation : traduit par « Profite du jour présent » (alors que les deux mots signifient « cueille le jour ») et compris comme une incitation à l'hédonisme le plus fort, peut-être le plus aveugle, il perd tout rapport avec le texte original qui, au contraire, incite à bien savourer le présent (sans toutefois récuser toute discipline de vie) dans l'idée que le futur est incertain et que tout est appelé à disparaître.

C'est donc un hédonisme d'ascèse, une recherche de plaisir ordonnée, raisonnée, qui doit éviter tout déplaisir et toute suprématie du plaisir. C'est un hédonisme a minima : c'est un épicurisme (Horace faisait partie des épicuriens de l'ère romaine).

Ici, on est donc davantage dans l'idée qu'il faut apprécier les bienfaits du jour en les cueillants au moment où ils se présentent, et en cela on rejoint la philosophie bouddhiste d'apprécier et de vivre pleinement le présent dans ce qu'il nous apporte, sachant évidemment que l'on parle surtout ici de ses côtés positifs, car bien sûr, lorsque le négatif se présente, on cherchera à s'en débarrasser ou le fuir le plus vite possible, et tant qu'à faire, à le reléguer dans le passé immédiatement..

Et bien sûr, c'est tout à fait normal car humain, personne n'aime rester dans la souffrance ou les ennuis...N'est ce pas.

Dans notre activité, où nous cherchons à dessiner le futur, notre quête cherche plutôt à se rapprocher de la célèbre maxime de Francis Bacon : Savoir est Pouvoir...et j'emprunte ici un article de la revue La Recherche, qui en rappelle les fondements :

"La science moderne est née au début du XVIIe siècle, avec la confluence de la connaissance spéculative et de l'opérativité technique, jusque-là pour l'essentiel séparées. On attribue en général l'énoncé de cette révolution à Francis Bacon et à son aphorisme célèbre : « Knowledge is power », soit : « Savoir, c'est pouvoir ». Descartes explicitera la même idée en affirmant « qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». La formule de Bacon, rédigée en latin, est moins ramassée que sa vulgate : « Scientia et potentia humana in idem coincidunt, quia ignoratio causæ destituit effectum », soit « le savoir et le pouvoir humains s'identifient puisque l'ignorance de la cause prohibe l'effet. » C'est la rédaction que l'on trouve dans la source usuellement donnée, le Novum Organum livre 1, aph. 3 , qui date de 1620.

On a cependant trouvé une référence à un plus ancien ouvrage de Bacon, publié en 1597, et d'une tout autre nature, puisqu'il s'agit d'un traité théologique, Meditationes Sacræ, De Heresibus. On y lit quasiment la même formule, sous la forme condensée : « Nam et ipsa scientia potestas est » « En effet le savoir lui-même est pouvoir ». La différence avec l'énoncé de 1620 est l'absence de l'adjectif humana. C'est que Bacon s'intéresse aux causes des hérésies, et cherche à révoquer l'explication selon laquelle elles découleraient d'une volonté humaine délibérée de choisir l'erreur. Dans une telle hypothèse, Dieu serait ou ignorant de ce choix, ou impuissant à l'empêcher. Ce qui est impossible, puisqu'Il ne peut connaître ce qui va arriver sans l'autoriser : pour Lui, savoir, c'est pouvoir.

Aux sources d'un énoncé fondateur de l'esprit scientifique moderne, on trouve donc une méditation sur les hérésies religieuses. La reprise de la formule par Bacon, vingt ans plus tard, témoigne d'un cheminement de sa pensée sur le savoir et le pouvoir, de ceux que possède le religieux « tout est bon » pour faire progresser la raison.vers ceux que cherche l'homme. Comme quoi, ainsi que l'affirmait Feyerabend, « tout est bon » pour faire progresser la raison."

Francis Bacon est donc davantage dans la question de la quête du Savoir par la raison, ce qui correspond au dogme de la recherche scientifique.

Mais si l'on réfléchit plus loin, ce serait plutôt pour nous l'approche d'Auguste Comte, ce philosophe précurseur du positivisme qui serait plus applicable à notre cheminement dans cette Connaissance qu'est l'AU, et voyons ce que l'on en dit :

Dans son livre Auguste Comte et le positivisme, John Stuart Mill résume la doctrine positiviste de Comte d'une manière à la fois claire et synthétique :

« La doctrine fondamentale d'une philosophie véritable, d'après M. Comte, aussi bien que le caractère par lequel il définit la Philosophie Positive, se peuvent résumer de la façon suivante : Nous ne connaissons rien que des phénomènes ; et la connaissance que nous avons des phénomènes est relative, et non pas absolue. Nous ne connaissons ni l'essence, ni le mode réel de production, d'aucun fait : nous ne connaissons que les rapports de succession ou de similitude des faits les uns avec les autres. Ces rapports sont constants, c'est-à-dire toujours les mêmes dans les mêmes circonstances. Les ressemblances constantes qui lient les phénomènes entre eux, et les successions constantes qui les unissent ensemble à titre d’antécédents et de conséquents, sont ce qu'on appelle leurs lois. Les lois des phénomènes sont tout ce que nous savons d'eux. Leur nature essentielle et leurs causes ultimes, soit efficientes, soit finales, nous sont inconnues et restent, pour nous, impénétrables"

« Pour connaître convenablement ce qu'une chose est, nous avons besoin de connaître avec une égale netteté ce qu'elle n'est pas. Pour pénétrer le caractère réel d'un mode de penser, il nous faut comprendre quels sont les autres modes de penser qui rivalisent avec lui. M. Comte a pris garde que nous fassions ainsi. Les modes de philosopher qui, selon lui, disputent l'empire au mode Positif, sont au nombre de deux, et tous les deux antérieurs en date à ce dernier : ce sont le mode Théologique et le mode Métaphysique. »

Ces deux courants de pensée, s'ils ont de nombreuses différences, ont pour point commun d'affirmer qu'il existe des idées innées ou a priori et que donc, au contraire de la philosophie positive, toutes nos connaissances ne peuvent s'expliquer uniquement par l'observation et l'expérience.

En plus d'affirmer l'existence de ces trois grands modes de pensée, Comte propose une loi concernant l'évolution de chaque grande classe des connaissances humaines : celles-ci passent par trois états, de l'état théologique vers l'état métaphysique, puis vers l'état positif ; l'état métaphysique, s'il n'en est pas moins nécessaire, n'étant qu'une étape de transition entre les deux autres modes.

De cela, Comte déduit que le mode de pensée positif est « destiné à prévaloir finalement par l'effet de la conviction où l'on arrivera universellement que tous les phénomènes, sans exception, sont gouvernés par des lois invariables, avec lesquelles aucune volonté naturelle ou surnaturelle n'entre en lutte. » Ce stade de développement de l'humanité une fois atteint, les deux concepts historiquement antinomiques d'ordre et de progrès seront rendus compatibles.

Sa célèbre phrase : "Savoir pour prévoir, prévoir pour pouvoir " nous correspond assez bien car

Auguste Comte croit que l'ensemble des phénomènes observables sont soumis à des lois causales immuables dans le temps et l'espace et que le but de la science est de rechercher ces lois (ce qui correspond au travail d'analyse). Lorsque cela est possible, elle a également pour but de réduire le nombre de ces lois en cherchant des identités de cause, des similitudes de formes, etc. (ce qui correspond au travail de synthèse).

Il considérait que Science est prévoyance, et prévoyance est action...Mais dans notre forme de pensée "AU" dans l'essence même de "la prévision", comme nous ne pouvons que cerner que quelques hypothèses logiques issues de notre savoir, nous savons qu'il ne suffira pas seulement de prévoir, mais qu'il faudra aussi savoir improviser lors de l'arrévée de l'événement prévu.

Mais notre différence sera dans le fait que l'improvisation sera plutôt une adaptation à la réalité d'une de nos hypothèses prévues..

Se préoccuper du futur, lorsque c'est possible, est donc la condition d'un futur succès, quel que soit le cas de figure, soit dans l'action, soit dans la réaction ( adaptée, absorbante ou résistante)..

On peut résumer cela dans la phrase :

" Etre mieux armé et en "Conscience" pour faire face.."

Alors chers amis, si nous pouvons parfaitement pratiquer le Carpe Diem pour "cueillir le présent" dans sa positivité, ( bien que parfois la procrastination ne soît pas toujours mauvaise conseillère en raison des principes du cerveau droit), nous sommes aussi dans le postivisme lorsque nous cherchons à connaître la météo de notre futur, ce qui est souvent une condition de réussite et de succès.

Il faut aussi en effet savoir que du point de vue cognitif, notre cerveau passe 85% de son temps à élaborer des constructions pour le futur... ne serait ce que pour garantir la survie de l'être qui le porte...

Enfin, il faut bien comprendre que bien des études en neurosciences ou en cognition décrivent assez bien le fonctionnement du récepteur, voire son organisation interne, ses élaborations, (Activité de la conscience primaire, conscience Supérieure, inconscient et conscient, émotions et etc...) et l'on est en progrès dans la Connaissance de ce récepteur qu'est le cerveau ou même dans ce qu'il produit lui même, mais dans notre Connaissance de l'AU, ce n'est pas tant l'objet TV et ses fonctions même très élaborées et auto-éléborées qui nous importe, mais plutôt ce qu'à voulu exprimer l'auteur du film et l'histoire qu'il souhaite nous raconter dans le déroulement de son oeuvre... et c'est bien pourquoi nous faisons de l'Astrologie, ici Universelle et bien différente de la Traditionnelle, je le rappelle...

Le 30 novembre 2014

Michel d'Aoste